vendredi 29 août 2008

Les cancers du fumeur sont-ils radio-induits ?

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Tabac

Les cancers du fumeur sont-ils radio-induits ?

Paru dans Silence, n° 161, en janvier 1993, puis dans le hors série - faibles doses de radiations

Août 2008 2008
par Perline
Tous les ans, en France le tabac cause 70 000 décès (Pr Tubiana 24-26/01/1980). C’est l’un des arguments utilisés par les nucléocrates pour montrer l’innocuité du nucléaire.
Officiellement les grands accusés du cancer du poumon, très rarement guérissable, dû au tabac, sont le goudron et la nicotine. Pourtant on a très tôt constaté [1] que le nombre de cancers du poumon était bien supérieur chez les fumeurs de plus d’un paquet de cigarettes faiblement dosées en ces deux composants que chez ceux fumant moins d’un paquet de cigarettes normales. On s’est donc demandé si le cancer du poumon ne serait pas plutôt dû aux radiations alpha de ses composants radioactifs, le plomb 210 (210Pb) et le polonium 210 (210Po), présents dans tous les types de tabac [2].
On sait que le 210Pb se transforme en émettant des radiations bêta, en 210Po, émetteur de radiations alpha, extrêmement destructrices à très courte distance. Chez les fumeurs l’action ciliaire de nettoyage des bronches est ralentie, provoquant une accumulation des particules radioactives aux bifurcations des segments bronchiaux [3] [2]. Des études en laboratoire sur une race de hamsters qui n’a jamais de cancer du poumon naturellement [4], ont montré l’évidence du lien entre l’inhalation du 210Po et ce cancer.
Pour le fumeur d’1 paquet 1/2 par jour, les « points chauds » que sont les bifurcations des bronches reçoivent 8 rem par an, l’équivalent de ce que recevrait la peau avec 300 radios du torse durant cette période [3]. Des autopsies de morts de cancer du poumon [5] ont montré que ces points chauds avaient accumulé, pendant la quarantaine d’années de leur vie de fumeur, une dose de 1600 rem. Même si la dose totale reçue par les poumons est faible, certains points sont donc victimes de très fortes doses provoquant des dégâts considérables dans les cellules.
Les radiations alpha que le fumeur reçoit aux bifurcations des bronches non seulement proviennent du 210Po contenu dans la fumée de cigarette qu’il aspire et du 210Po qui naît du 210Pb déposé aux bifurcations, mais encore des descendants du radon, inhalés entre les cigarettes [5].
De plus, la circulation de ces produits, que l’on retrouve dans le sang et l’urine des fumeurs, provoque un vieillissement et une mort précoce dus non seulement à d’autres cancers, mais également à de nombreuses maladies aussi diverses que l’emphysème ou la cirrhose du foie [6].

Les fumeurs passifs

50 à 75% du polonium et du plomb radioactifs de la cigarette, volatiles, restent dans la volute de fumée, et peuvent être réabsorbés par les poumons des personnes présentes [3] [7] [8]. De plus, les descendants du radon, présents dans les maisons, s’accrochent aux particules de fumée, augmentant ainsi la dose inhalée [8], tant pour les fumeurs actifs que passifs. Des chercheurs ont estimé que l’exposition aux descendants du radon intervient pour 20 à 100% des cancers du poumon des non-fumeurs [2]. Une étude japonaise qui a duré 14 ans [9] a démontré que les fumeurs passifs ont un risque doublé d’avoir un cancer du poumon par rapport aux non-fumeurs. D’autres chercheurs ont trouvé de très hautes concentrations de ces produits dans les poumons de non-fumeurs morts de cancer du poumon [10]. Ils soupçonnent très fortement ces « non-fumeurs » d’avoir été, en réalité, des fumeurs passifs.

D’où viennent les produits radioactifs du tabac ?

Les phosphates, utilisés pour la fabrication d’engrais, sont très concentrés en uranium. Parmi les descendants de celui-ci, le radon, gazeux, est libéré. Plus généralement, les produits radioactifs sont absorbés par les plantes. Si des produits phosphatés sont donnés aux animaux, ce qui est très courant, les vaches laitières, par exemple, pourront fournir du lait au radium (UNSCEAR 88).
Même s’il est vrai que tous les sols contiennent du radium et ses descendants, on trouve surtout le 210Pb et le 210Po dans les fertilisants utilisés dans la culture du tabac [3] [2]. Bien sûr, ces produits sont absorbés par les racines.
Mais le principal mode d’absorption du 210Pb par le tabac est différent. Les feuilles possèdent de très fins petits poils appelés trichomes. Les descendants du radium chargés électriquement s’accrochent aux particules de poussières de moins de 0,1 millionnième de millimètre, se déposent sur les feuilles et restent accrochées aux trichomes où ils se concentrent [2]. Aucun des procédés actuellement utilisés dans le traitement du tabac ne les élimine. Pourtant, le 210Po et le 210Pb ne contribuent en rien au goût et ne seraient pas difficiles à éliminer [4]. Des solutions, autres que de ne pas promouvoir la cigarette : faire du tabac biologique (!) et rechercher des espèces ayant moins tendance à concentrer le 210Po.
Les informations sur les effets liés à la radioactivité du tabac sont largement inconnues. En France les études n’existent pas et jamais rien n’est paru malgré quelques publications aux Etats-Unis, où il est également très difficile de faire connaître la composante radioactive du tabac et ses ravages, sans doute parce que les intérêts économiques priment. A côté de battages médiatiques contre la cigarette, prétendûment pour la santé, on peut voir la Communauté Economique Européenne subventionner les planteurs de tabac à hauteur de 10 milliards de francs (Verts Europe N°49).
Pourtant, aux Etats-Unis, de nombreuses personnes se sont arrêtées de fumer lorsqu’elles ont appris la composante radioactive de la cigarette, alors que goudron et nicotine ne les avaient jamais convaincues [8].
Mais en France nous avons en plus le poids des nucléocrates qui n’aimeraient pas qu’un quelconque rapport soit fait entre les poussières radioactives, d’où qu’elles proviennent, et les cancers. C’est la radiation alpha qui est responsable des cancers du poumon. La même que celle du plutonium, qu’on retrouve dans des déchets de décharges du CEA à la Hague ou bien encore à Moruroa, pour ne citer que quelques exemple.
Tout reviendrait à faire des études sur les faibles doses. Et là, il est urgent d’attendre...
Voir en ligne : La revue Silence

P.-S.

Note de l’auteure : 29 août 2008 : les journaux font mine de découvrir tous ces faits, alors qu’ils ont tout simplement couvert l’information.

Notes

[1] Hammond, E.C. & al. Some recent findings concerning cigarette smoking. In Origins of human cancer. New York : Cold Spring Harbor Laboratory, 1977 (102-12).
[2] Harley, N.H. & al. A model for predicting lung cancer risks induced by environmental levels of radon daughters. Health Physics. 1981 ; 40 : 307-316.
[3] Winters, T.H .& al. Radioactivity in cigarette smoke. New England Journal of Medicine. 1982 ; 306 : 364-365.
[4] Little, J.B. & al. Lung cancer induced in hamsters by low doses of alpha radiation from polonium 210. Science. 1975 ; 188 : 737-8.
[5] Martell, E.A. Radioactivity in cigarette smoke. The New England Journal of Medicine. 1982 ; 307 : 309-310.
[6] Ravenholt, R.T.Radioactivity in cigarette smoke. The New England Journal of Medicine. 1982 ; 307(5) : 312.
[7] Spencer, H. & al. Metabolic balances of 210Pb and 210Po at natural levels. Radiation research. 1977 ; 69 : 166-184.
[8] Winters, T.H. Radioactivity and lung cancer in active and passive smokers. Chest. 1983 ; 84 : 653-654.
[9] Hirayama, T. Non-smoking wives of heavy smokers have a higher risk of lung cancer : a study from Japan. Br. Medicine Journal. 1981 ; 282 : 183-5.
[10] Winters, T.H. & al. Radioactivity and cigarette smoke. Verlag Cherrie international inc.1984 ; 263-271.

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